Livre de Job, 6
Job justifie ses plaintes. Il souhaite de mourir, de peur de perdre la patience. Il reproche à ses amis l’injustice de leurs accusations.
[1] (Or) Job répondit en ces termes :
IIe discours de Job ; Ire réponse à Eliphaz, chapitres 6 et 7. Le discours d’Eliphaz a surpris et affligé Job qui trouve, au lieu d’un consolateur, un accusateur : 1° Il justifie l’amertume de ses plaintes par la grandeur de ses maux ; ils sont tels qu’en face de la mort qui approche, il n’a d’autre consolation que de n’avoir pas renié Dieu, chapitre 6, versets 2 à 10.
2° Reproches indirects à ses amis qui ne l’ont pas consolé et ont trahi ses espérances, versets 11 à 20.
3° Reproches directs : ils ne lui ont donné que de vaines paroles, versets 21 à 30.
4° Misère de l’homme en général et de Job en particulier : tableau destiné à les apitoyer sur son sort, chapitre 7, versets 1 à 10.
5° Prière à Dieu : Pourquoi le frappe-t-il si cruellement ? Pourquoi, s’il a péché, ne lui pardonne-t-il pas ? Versets 11 à 21.
[2] Plût à Dieu que les péchés par lesquels j’ai mérité la colère de Dieu, et les maux que je souffre, fussent pesés dans une balance ! •
[3] Ceux-ci apparaîtraient plus lourds que le sable de la mer. C’est pourquoi mes paroles sont pleines de douleur, •
[4] car les flèches du Seigneur m’ont percé. La douleur qu’elles me causent épuise mon esprit, et les terreurs de Dieu (du Seigneur) m’assiègent. •
[5] L’âne sauvage (L’onagre) crie-t-il lorsqu’il a de l’herbe ? ou le bœuf mugit-il lorsqu’il est devant une auge (crèche) pleine ?
Un onagre, âne sauvage.
[6] Peut-on manger d’un mets fade, qui n’est pas assaisonné avec le sel ? ou quelqu’un peut-il goûter ce qui fait mourir celui qui en goûte ? •
[7] Ce qu’auparavant je (mon âme) n’eusse pas voulu toucher, c’est là maintenant ma nourriture, à cause de mon angoisse (détresse).
Mon âme, hébraïsme pour ma personne, moi.
[8] Qui m’accordera que ma prière soit reçue, et que Dieu me donne ce que j’attends ;
[9] que celui qui a commencé achève de me briser ; qu’il laisse aller sa main (qu’il m’extirpe) et qu’il tranche ma vie ? •
[10] Qu’il me reste au moins cette consolation, dans ces douleurs dont il m’afflige sans m’épargner, que je ne contredise en rien les ordres du Dieu saint 1 (Saint).
Saint ; par excellence, Dieu.
[11] Car quelle est ma force pour que je supporte ces maux ? ou quelle est ma fin pour que je conserve la patience ? •
Quelle est ma fin ? c’est-à-dire quelle sera la fin de ma vie, pour que je puisse conserver ma patience jusque-là ?
[12] Ma force n’est pas la force des pierres, et ma chair n’est pas de bronze (d’airain). •
[13] Voici que je ne trouve en moi aucun secours, et mes amis intimes (mêmes) m’ont abandonné. •
[14] Celui qui n’a pas compassion de son ami a perdu la crainte du Seigneur.
[15] Mes frères ont passé devant moi, comme un torrent qui s’écoule avec rapidité dans les vallées. •
[16] Ceux qui craignent la gelée seront accablés par la neige. •
En me fuyant, mes amis croient éviter un mal ; mais, par une juste punition de leur inhumanité, ils tomberont dans un autre bien plus grand.
[17] Au temps où ils commenceront à s’écouler (se répandre), ils périront ; dès que la chaleur viendra, ils disparaîtront de leur lieu.
[18] Ils vont par des sentiers embarrassés (cachés) ; ils marchent sur le vide, et ils périront. •
Sont cachés (comparer à Job. 3, 23) ; selon d’autres, détournés, tortueux.
[19] Considérez les sentiers de Théma, les chemins de Saba, et attendez un peu. •
[20] Ils sont confus, parce que j’ai espéré ; ils sont venus aussi jusqu’à moi, et ils ont été couverts de honte (confusion). •
[21] Vous ne faites que venir, et aussitôt que vous voyez ma plaie, vous en avez horreur. •
[22] Ai-je dit : Apportez-moi quelque chose, ou donnez-moi de votre bien ?
[23] ou : Délivrez-moi de la main de l’ennemi, et arrachez-moi de la main des forts ?
[24] Enseignez-moi, et je me tairai ; et si j’ai ignoré quelque chose, instruisez-moi.
[25] Pourquoi attaquez-vous (avez-vous déprimé) des paroles de vérité, puisque nul d’entre vous ne peut m’accuser ? •
[26] Vous n’étudiez dans vos discours qu’à jeter du blâme, et vous ne faites que parler en l’air. •
[27] Vous vous précipitez sur un orphelin, et vous vous efforcez d’accabler (de renverser) votre ami.
[28] Mais achevez ce que vous avez commencé ; prêtez l’oreille, et voyez si je mens. •
[29] Répondez, je vous prie, sans contention ; et, en parlant, jugez des choses selon la justice.
[30] Alors vous ne trouverez pas d’iniquité sur ma langue, et la folie ne retentira pas dans ma bouche. •