Livre de Job, 11
Sophar accuse Job de présomption et d’orgueil, et l’exhorte à se convertir au Seigneur.
[1] (Or) Sophar de Naama prit la parole et dit : •
Sophar diffère de ses deux amis, Eliphaz et Baldad ; c’est un jeune homme à la parole vive, quelquefois injurieuse et blessante, surtout dans son second discours, chapitre 20 ; c’est le type des esprits étroits et à préjugés de son époque.
[2] Celui qui parle tant n’écoutera-t-il pas à son tour ? et suffira-t-il d’être un grand parleur pour paraître juste (être absous) ? •
Ier discours de Sophar contre Job, chapitre 11. Toute la réponse à Baldad se résume en ceci : Dieu n’est pas injuste, mais il le punit sévèrement pour des fautes légères dont il n’a pas même conscience. Le fougueux Sophar veut à son tour le réfuter : 1° Il reproche à Job d’oser parler avec présomption contre la divine sagesse, versets 2 à 6.
2° Cette sagesse est impénétrable et insondable. Si Dieu venait discuter avec lui, il lui aurait bientôt prouvé que son sort n’est pas trop dur, versets 7 à 12. Cette réflexion sur l’intervention de Dieu, dès le début, prépare avec un art achevé, le dénouement, chapitres 38 à 41.
3° Exhortation à Job : qu’il se tourne vers Dieu avec componction et il sera consolé, sinon, comme l’impie, il n’aura pas d’espérance, versets 13 à 20.
[3] Les hommes se tairont-ils pour toi seul ? et après t’être moqué des autres, ne seras-tu confondu par personne ? •
[4] Car tu as dit : Ma doctrine (parole) est pure, et je suis sans tache en votre présence. •
[5] Qu’il serait à souhaiter que Dieu te parlât, et qu’il ouvrît pour toi sa bouche,
[6] pour te découvrir les secrets de sa sagesse, et la multiplicité des préceptes de sa loi, et pour te faire comprendre qu’il exige 2 beaucoup moins de toi que ne mérite ton iniquité ! •
La loi, soit naturelle, soit mosaïque, contenait beaucoup de préceptes.
Qu’il exige, etc. ; littéralement que tu es exigé (châtié) par lui selon beaucoup moins de choses.
[7] Prétends-tu sonder (Découvriras-tu) ce qui est caché en Dieu, et connaître parfaitement le Tout-Puissant ? •
Les traces ; c’est-à-dire les voies.
Parfaitement, ou bien : Le parfait Tout-Puissant, ce qui revient au sens de l’hébreu qui porte : La perfection du Tout-Puissant.
[8] Il est plus élevé que le ciel, que feras-tu ? Il est plus profond que l’enfer, comment (donc) le connaîtras-tu ?
[9] Sa mesure dépasse la longueur de la terre et la largeur de la mer.
[10] S’il renverse tout, s’il confond toutes choses ensemble, qui pourra s’opposer à lui (le contredira) ?
[11] Car il connaît la vanité des hommes, et, voyant l’iniquité, ne la considère-t-il pas ? •
Est-ce qu’il ne la considère pas, pour la punir un jour ?
[12] L’homme vain s’élève jusqu’à l’orgueil, et il se croit né libre comme le poulain de l’âne sauvage (petit d’un onagre). •
[13] Mais toi, tu as endurci ton cœur, et (cependant) tu as élevé tes mains vers Dieu 1. •
Vers Dieu ; littéralement vers lui. Le pronom lui représente évidemment le mot Dieu, exprimé au verset 7.
[14] Si tu bannis l’iniquité qui est dans tes mains, et que l’injustice ne demeure pas dans ta tente (on tabernacle), •
[15] alors tu pourras lever ton visage sans tache ; tu seras stable, et tu ne craindras pas. •
[16] Tu oublieras même ta misère, et tu t’en souviendras comme d’eaux qui se sont écoulées.
[17] Sur le soir se lèvera pour toi comme l’éclat du midi ; et lorsque tu te croiras perdu, tu apparaîtras comme l’étoile du matin (Lucifer). •
[18] L’espérance qui te sera proposée te remplira de confiance ; et, (même) entrant dans le sépulcre, tu dormiras en assurance. •
Tranquille ; sans craindre que ton sépulcre ne soit violé ; ou, sûr d’une meilleure condition après cette vie.
[19] Tu te reposeras sans que personne ne te trouble, et plusieurs imploreront tes regards. •
Voir Lv. 26, 6.
Implorera ta face ; c’est-à-dire recherchera ta faveur.
[20] Mais les yeux des méchants seront consumés ; pour eux pas de refuge, et ce que l’âme a en horreur, voilà leur espérance 2. •
Voir Lv. 26, 16.
Leur espérance, etc. Les choses dans lesquelles ils avaient mis leur espérance, comme les honneurs et les richesses, seront pour eux des objets d’abomination.