Évangile selon saint Luc, 7
Guérison du serviteur du centurion. Résurrection du fils de la veuve de Naïm. Saint Jean députe deux de ses disciples vers Jésus-Christ. Eloge de saint Jean. Jésus-Christ et saint Jean rejetés par les Juifs. Pécheresse qui parfume les pieds de Jésus-Christ.
[1] Lorsqu’il eut achevé de faire entendre au peuple toutes ces paroles, il entra dans Capharnaüm 2. •
Voir Mt. 8, 5.
Dans Capharnaüm. Voir Mt. 4, 13.
[2] Or un centurion 1 avait un serviteur malade et sur le point de mourir, qui lui était très cher. •
Un centurion. Voir Mt. 8, 5.
[3] Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya quelques anciens des Juifs, Le priant de venir et de guérir son serviteur. •
Les anciens d’entre les Juifs, ceux qui étaient à la tête de l’administration de la ville. C’est le seul endroit des Evangiles où le titre d’anciens ne désigne pas des membres du sanhédrin.
[4] Ceux-ci, étant venus auprès de Jésus, le priaient avec instance, en lui disant : Il mérite que vous lui accordiez cela ;
[5] car il aime notre nation, et il nous a lui-même bâti une synagogue 1.
Une synagogue. Voir Mt. 4, 23.
[6] Et Jésus allait avec eux. Et comme il n’était plus guère éloigné de la maison, le centurion lui envoya de ses amis, pour lui dire : Seigneur, ne prenez pas tant de peine, car je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit. •
Voir Mt. 8, 8.
[7] C’est pour cela que je ne me suis pas cru digne de venir moi-même auprès de vous ; mais dites un mot, et mon serviteur sera guéri.
[8] Car moi, qui suis un homme soumis à des chefs, j’ai sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait.
[9] Ayant entendu ces paroles, Jésus fut dans l’admiration ; et se tournant vers les foules qui le suivaient, il dit : En vérité, je vous le dis, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. •
[10] De retour à la maison, ceux que le centurion avait envoyés trouvèrent guéri le serviteur qui avait été malade.
[11] Il arriva ensuite que Jésus allait dans une ville appelée Naïm ; et ses disciples allaient avec lui, ainsi qu’une foule nombreuse. •
Naïm, aujourd’hui Nain, est situé sur le versant nord-ouest du petit Hermon (Djébel-el-Dûhy), au point où le terrain s’incline vers la plaine d’Esdrelon. On jouit de là d’une belle vue sur la plaine et sur les montagnes de Nazareth. A l’ouest du village, on remarque un grand nombre de tombeaux creusés dans le roc.
[12] Et comme il approchait de la porte de la ville, voici qu’on emportait un mort, fils unique de sa mère, et celle-ci était veuve ; et il y avait avec elle beaucoup de personnes de la ville. •
Naïm était enfermé dans des murs et avait une porte, comme la plupart des villes et bourgs de Palestine qui avaient besoin d’être à l’abri d’une surprise de la part des Bédouins pillards.
[13] Lorsque le Seigneur l’eut vue, touché de compassion pour elle, il lui dit : Ne pleure pas.
[14] Puis il s’approcha, et toucha le cercueil. Ceux qui le portaient s’arrêtèrent. Et il dit : Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. •
[15] Et le mort se mit sur son séant, et commença à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.
[16] Tous furent saisis de crainte, et ils glorifiaient Dieu, en disant : Un grand prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple. •
Voir Lc. 24, 19 ; Jo. 4, 19.
[17] Et le bruit de ce miracle se répandit dans toute la Judée, et dans tout le pays d’alentour.
[18] Les disciples de Jean lui rapportèrent toutes ces choses.
[19] Et Jean appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus, pour lui dire : Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? •
Voir Mt. 11, 2.
[20] Ces hommes, étant venus auprès de Jésus, lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés vers vous, pour vous dire : Etes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? •
[21] A cette heure même, il guérit beaucoup de personnes qui avaient des maladies, et des plaies, et des esprits mauvais, et il rendit la vue à de nombreux aveugles.
[22] Puis, leur répondant, il dit : Allez, et rapportez à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres ; •
Voir Is. 35, 5.
[23] et bienheureux est celui qui ne sera pas scandalisé en moi.
[24] Lorsque les envoyés de Jean furent partis, il se mit à dire aux foules, au sujet de Jean : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? •
[25] Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu avec mollesse ? Ceux qui portent des vêtements précieux et qui vivent dans les délices sont dans les maisons des rois.
[26] Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. •
[27] C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon ange devant ta face, et il préparera ton chemin devant toi. •
Voir Ml. 3, 1 ; Mt. 11, 10 ; Mc. 1, 2.
[28] Car, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés des femmes, nul n’est plus grand prophète que Jean-Baptiste. Mais celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. •
[29] Tout le peuple qui l’a entendu, et les publicains, ont justifié Dieu, en se faisant baptiser du baptême de Jean. •
[30] Mais les pharisiens et les docteurs de la loi ont méprisé le dessein de Dieu à leur égard, en ne se faisant pas baptiser par Jean.
[31] Le Seigneur ajouta : A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui sont-ils semblables ?
Voir Mt. 11, 16.
[32] Ils sont semblables à des enfants assis sur la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n’avez pas pleuré. •
[33] Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain, et ne buvant pas de vin ; et vous dites : Il est possédé du démon.
Voir Mt. 3, 4 ; Mt. 11, 18 ; ; Mc. 1, 6.
[34] Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant ; et vous dites : Voici un homme de bonne chère et un buveur de vin, un ami des publicains et des pécheurs.
[35] Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.
[36] Or un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Et étant entré dans la maison du pharisien, il se mit à table. •
Un des pharisiens. Simon le lépreux. Voir Mt. 26, 6.
[37] Et voici qu’une femme 2, qui était une pécheresse dans la ville, ayant su qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d’albâtre rempli de parfum ; •
Une femme. Marie-Madeleine. Voir Mt. 27, 56.
[38] et se tenant derrière lui, à ses pieds, elle se mit à arroser ses pieds de ses larmes, et elle les essuyait avec les cheveux de sa tête, et elle baisait ses pieds et les oignait de parfum. •
[39] Voyant cela, le pharisien qui l’avait invité dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait certainement qui et de quelle espèce est la femme qui le touche ; car c’est une pécheresse. •
[40] Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Il répondit : Maître, dites.
[41] Un créancier avait deux débiteurs : l’un devait cinq cents deniers, et l’autre cinquante.
[42] Comme ils n’avaient pas de quoi les rendre, il leur remit à tous deux leur dette. Lequel donc l’aimera davantage ? •
[43] Simon répondit : Je pense que c’est celui auquel il a remis davantage. Jésus lui dit : Tu as bien jugé. •
[44] Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : Tu vois là cette femme ? Je suis entré dans ta maison : tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds ; mais elle a arrosé mes pieds des ses larmes, et elle les a essuyés avec ses cheveux.
[45] Tu ne m’as pas donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de baiser mes pieds.
[46] Tu n’as pas oint ma tête d’huile ; mais elle, elle a oint mes pieds de parfum.
[47] C’est pourquoi, je te le dis, beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui on remet moins, aime moins. •
[48] Alors il dit à cette femme : Tes péchés te sont remis.
Voir Mt. 9, 2.
[49] Et ceux qui étaient à table avec lui commencèrent à dire en eux-mêmes : Quel est celui-ci, qui remet même les péchés ?
[50] Et il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va en paix. •