Évangile selon saint Jean, 5
Guérison d’un homme malade depuis trente-huit ans. Murmures des Juifs sur le prétendu violement du sabbat, et sur ce que Jésus-Christ se déclarait le Fils de Dieu. Réponse de Jésus-Christ aux Juifs. Le Fils agit avec le Père : il a reçu du Père tout pouvoir de juger. Il a la vie en lui de même que le Père. Témoignage de Jean-Baptiste et du Père céleste. Incrédulité des Juifs. Moïse sera leur accusateur.
[1] Après cela, il y avait une (la car note) fête des Juifs, et Jésus monta à Jérusalem. •
Voir Lévitique 23, 5 ; Dt. 16, 1.
La fête des Juifs ; c’est-à-dire la fête de Pâque (saint Irénée). Voir Jo. 4, 45. Jésus va à la fête pour ne pas se montrer opposé à la Loi et encourager la multitude qui accourait de toutes parts (saint Chrysostome).
[2] Or il y a à Jérusalem la piscine des Brebis (une piscine probatique 1, note), qui s’appelle en hébreu Bethsaïda, et qui a cinq portiques. •
Une piscine probatique. On croit qu’elle était ainsi appelée parce qu’on y lavait les animaux (probata) que l’on devait offrir en sacrifice dans le temple de Salomon. Elle est située au nord-ouest de la porte d’entrée de l’église actuelle de Sainte-Anne, non loin de la porte Saint-Etienne, dans la partie nord-est de Jérusalem. Cette piscine porte aujourd’hui le nom de Birket Israil. Elle était probablement alimentée par les eaux amenées au temple au moyen d’un aqueduc des environs de Bethléem.
[3] Sous ces portiques étaient étendus un grand nombre de malades, d’aveugles, de boiteux, de paralytiques, qui attendaient le mouvement de l’eau.
[4] Car (un) l’ange du Seigneur descendait de temps en temps dans la piscine, et en agitait l’eau ; et celui qui descendait le premier dans la piscine après que l’eau avait été agité était guéri, quelle que fût sa maladie. •
[5] Or il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. •
[6] Jésus, l’ayant vu couché et sachant qu’il était malade depuis longtemps déjà, lui dit : Veux-tu être guéri ? •
[7] Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine lorsque l’eau a été agitée ; et pendant que j’y vais, un autre descend avant moi.
[8] Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton grabat, et marche. •
[9] Et aussitôt cet homme fut guéri, et il prit son grabat, et marcha. Or ce jour-là était un jour de sabbat.
[10] Les Juifs dirent donc à celui qui avait été guéri : C’est le sabbat ; il ne t’est pas permis d’emporter ton grabat.
Voir Ex. 20, 10 ; Jr. 17, 24.
[11] Il leur répondit : Celui-là même qui m’a guéri m’a dit : Prends ton grabat, et marche.
[12] Ils lui demandèrent : Quel est cet homme qui t’a dit : Prends ton grabat, et marche ?
[13] Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c’était ; car Jésus s’était retiré de la foule rassemblée en ce lieu.
[14] Plus tard, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voici que tu as été guéri ; ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire. •
[15] Cet homme alla, et annonça aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
[16] C’est pourquoi les Juifs poursuivaient Jésus, parce qu’il faisait ces choses le jour du sabbat.
[17] Mais Jésus leur répondit : Mon Père agit jusqu’à présent, et moi aussi j’agis. •
[18] A cause de cela, les Juifs cherchaient encore davantage à le faire mourir, parce que non seulement il violait le sabbat, mais parce qu’en outre il disait que Dieu était son Père, se faisant égal à Dieu. Jésus reprit donc la parole, et leur dit : •
[19] En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, si ce n’est ce qu’il voit faire au Père ; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. •
[20] Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’admiration. •
[21] De même, en effet, que le Père ressuscite les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu’il veut. •
[22] Car le Père ne juge personne ; mais il a remis tout le jugement au Fils, •
[23] afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé.
[24] En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie. •
[25] En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront. •
[26] Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné également au Fils d’avoir la vie en lui-même ;
[27] et il lui a donné le pouvoir d’exercer un jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme. •
"Parce que…, étant le Fils de Dieu, le Verbe éternel, il a voulu se faire fils de l’homme, s’incarner, pour être le Sauveur du monde. Le jugement est comme le dernier mot de l’incarnation ; car ce sera par le jugement que s’opérera la séparation définitive entre la partie sainte de l’humanité, unie à Jésus-Christ, comme le corps à son chef, et la partie mauvaise, gâtée par le péché, qui ne sera pas arrivée à la sainteté et au salut. Il convient donc que ce soit le Verbe incarné, l’Homme-Dieu, le Libérateur, qui soit chargé de porter la sentence finale." (CRAMPON)
[28] Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu ;
[29] et ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la résurrection de la vie ; mais ceux qui auront fait le mal en sortiront pour la résurrection du jugement. •
Voir Mt. 25, 46.
[30] Je ne puis rien faire de moi-même : selon ce que j’entends, je juge ; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. •
[31] Si c’est moi qui rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai. •
[32] C’est un autre qui rend témoignage de moi, et je sais que le témoignage qu’il rend de moi est vrai.
[33] Vous avez envoyé auprès de Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.
Vers Jean Baptiste.
[34] Pour moi, ce n’est pas d’un homme que je reçois le témoignage ; mais je dis cela afin que vous soyez sauvés.
[35] Jean était une lampe ardente et brillante ; et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière.
[36] Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que le Père m’a données d’accomplir, les œuvres mêmes que je fais, rendent de moi le témoignage que c’est le Père qui m’a envoyé.
[37] Le Père, qui m’a envoyé, a rendu lui-même témoignage de moi. Vous n’avez jamais entendu sa voix, ni contemplé sa face.
[38] Et vous n’avez pas sa parole demeurant en vous, parce que vous ne croyez pas à celui qu’il a envoyé. •
[39] Vous scrutez les Ecritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles aussi qui rendent témoignage de moi. •
Il faut s’aveugler volontairement, pour trouver ici un ordre donné à tous de lire les Ecritures. C’est évidemment un reproche fait aux pharisiens, de ce que lisant les Ecritures, et pensant y trouver la Vie éternelle, ils ne voulaient pas reconnaître Jésus-Christ, lui à qui toutes les Ecritures rendaient témoignage, et par qui seul ils pouvaient avoir cette véritable vie.
[40] Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. •
[41] Je n’accepte pas la gloire qui vient des hommes.
[42] Mais je vous connais, et je sais que vous n’avez pas l’amour de Dieu en vous.
[43] Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez.
[44] Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ?
[45] Ne pensez pas que ce soit moi qui vous accuserai devant le Père ; celui qui vous accuse, c’est Moïse, en qui vous espérez.
[46] Car, si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en moi, puisque c’est de moi qu’il a écrit. •
Voir Gn. 3, 15 ; Gn. 22, 18 ; Gn. 49, 10 ; ; Dt. 18, 15.
[47] Mais, si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?