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Livre de Judith, 9

Judith adresse à Dieu sa prière, et implore son secours pour l’exécution du dessein qu’elle médite.


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[1] Après qu’ils furent partis, Judith entra dans son oratoire, et se revêtant d’un cilice, elle se mit de la cendre sur la tête, et se prosternant devant le Seigneur, elle criait vers lui, en disant :

[2] Seigneur, Dieu de mon père Siméon, qui lui avez donné un glaive pour se défendre des étrangers, qui transportés d’une passion impure avaient violé une vierge, et l’avaient couverte de confusion en lui faisant outrage ;

show note 1

Voir Gn. 34, 26.

show note 2

Judith loue ici le zèle que Siméon avait mis à venger la gloire de Dieu et l’outrage fait par les Sichémites à sa sœur ; mais nullement la manière inhumaine dont il avait exercé cette vengeance. Voir Gn. 34, 30 ; Gn. 49, 5-7 ; .

[3] vous qui avez livré leurs femmes en proie, et leurs filles en captivité, et toutes leurs dépouilles en partage à vos serviteurs qui ont brûlé 1 de zèle pour vous : assistez, je vous prie, Seigneur mon Dieu, cette veuve (, moi).

show note 1

Qui ont brûlé, etc., littéralement et par hébraïsme, qui ont zélé le zèle, ou ont été zélé de zèle.

[4] Car c’est vous qui avez fait ces anciennes merveilles, et qui avez résolu celles qui sont venues après ; et ce que vous avez voulu s’est fait.

[5] Car toutes vos voies sont préparées, et vous avez établi vos jugements dans l’ordre de votre providence.

[6] Regardez maintenant le camp des Assyriens, comme alors vous avez daigné regarder le camp des Egyptiens, lorsque leurs troupes armées poursuivaient vos serviteurs, se fiant en leurs chars (quadriges), en leur cavalerie et dans la multitude de leurs soldats.

[7] Mais vous avez regardé leur camp, et ils furent enveloppés de ténèbres (les fatiguèrent 1).

show note 1

Les fatiguèrent. Au passage de la mer Rouge, les Egyptiens furent dans l’inquiétude ; ils ne pouvaient pas avancer à cause des ténèbres qui les enveloppaient. Voir Exode, 14, vv. 19, 24.

[8] L’abîme saisit (retint) leurs pieds, et les eaux les submergèrent.

[9] Seigneur, qu’il en soit de même de ceux-ci, qui se confient dans leur multitude et dans leurs char(iot)s, dans leurs dards (épieux), dans leurs boucliers, dans leurs flèches et (qui se glorifient) dans leurs lances,

[10] et qui ne savent pas que vous êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement écrasez (rompez) les guerres ; et votre nom est le Seigneur.

show note 1

Vous rompez ; vous faites cesser, vous arrêtez.

[11] Elevez votre bras comme autrefois, et brisez leur force par votre force ; que votre colère renverse la puissance de ceux qui se promettent de violer votre sanctuaire (vos choses saintes 1), de profaner le tabernacle de votre nom, et de renverser avec leur épée la corne de votre autel 2.

show note 1

Vos choses saintes. Voir Jdi. 4, 10.

show note 2

La corne de votre autel. Il y avait aux quatre coins de l’autel des holocaustes quatre éminences en formes de cornes.

[12] Faites, Seigneur, que son orgueil soit abattu (tranché) par son propre glaive.

[13] Qu’il soit pris par ses yeux comme par un piège en me regardant ; et frappez-le par la suavité de mes lèvres (mes paroles gracieuses).

show note 1

Par mes paroles gracieuses ; littéralement par les lèvres de ma grâce. Comparer (Ps. 44, 3) à l’expression la grâce est répandue sur vos lèvres. Ici, comme souvent ailleurs, saint Jérôme a donné à un mot latin, dérivé du grec, le sens qu’il a dans cette dernière langue.

show note 2

Judith se proposait d’user de sa beauté pour perdre Holoferne, mais son but unique était de sauver son peuple en faisant périr le chef de l’armée ennemie. C’est son intention qui fait le mérite de son action. Elle exposait sa propre vie pour le salut d’Israël. Elle avait d’ailleurs le droit de faire périr Holoferne, soit par ruse, soit par violence, puisque le général assyrien faisait la guerre aux habitants de Béthulie.

[14] Donnez-moi la constance dans le cœur pour le mépriser, et la force pour le perdre.

[15] Ce sera (assurément) un monument pour votre nom, que la main d’une femme l’ait renversé.

[16] Car votre puissance, Seigneur, n’est pas dans la multitude, ni votre volonté dans la force des chevaux, et dès le commencement les superbes ne vous ont pas plu ; mais vous avez toujours agréé la prière des humbles et des doux.

[17] Dieu des cieux, créateur des eaux, seigneur de toute créature, exaucez-moi, moi qui vous invoque dans ma misère (pauvre suppliante), et qui présume de votre miséricorde.

[18] Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance ; mettez les paroles dans ma bouche, et fortifiez la résolution de mon cœur, afin que votre maison demeure toujours dans la sainteté,

[19] et que toutes les nations connaissent que vous êtes Dieu, et qu’il n’y en a pas d’autre que vous.

Judith, 9