L'Ecclesiastique, 1
Origine de la sagesse. Son excellence. Dieu la donne à ceux qui l’aiment. Eloge de la crainte du Seigneur. Bonheur de ceux qui la possèdent. Elle est le commencement de la sagesse. Garder les préceptes du Seigneur. Fuir l’hypocrisie.
[1] Toute sagesse 1 vient du Seigneur Dieu ; elle a toujours été avec lui, et elle y est avant tous les siècles. •
[2] Qui a compté le sable de la mer, et les gouttes de la pluie, et les jours du monde ? Qui a mesuré la hauteur du ciel, et l’étendue de la terre, et la profondeur de l’abîme ? •
[3] Qui a pénétré la sagesse de Dieu, laquelle précède toutes choses ? •
[4] La sagesse a été créée avant tout, et la lumière de l’intelligence dès le commencement (les siècles). •
L’intelligence de la prudence ; par cette expression qui se trouve également dans le grec, et qui équivaut à l’intelligence prudente, si on suppose un de ces hébraïsmes dont ce livre est rempli ; par cette expression, disons-nous, l’auteur a voulu désigner la sagesse, qu’il représente sous des formules variées.
Dès les siècles (ab ævo). Comparer à Pv. 8, 22.
[5] La parole (Le Verbe) de Dieu au plus haut des (dans les) cieux est la source de la sagesse, et ses voies sont les commandements éternels. •
[6] A qui a été révélée la racine de la sagesse, et qui a connu ses artifices (son habileté 1) ?
Son habileté ; littéralement ses artifices, ses ruses (astutias). Dans le grec, ainsi que dans le latin, ce mot est employé en bonne part ici, comme dans plusieurs autres passages.
[7] A qui la science de la sagesse a-t-elle été révélée et manifestée, et qui a compris la multiplicité de ses démarches (voies) ?
[8] Il n’y a que le Très-Haut, (le) Créateur qui peut tout, le (et) Roi puissant et infiniment redoutable, assis sur son trône 1, le Dieu dominateur.
Son trône ; c’est-à-dire le trône de Dieu, comme porte le grec, et non celui de la sagesse, ce que donne à entendre le pronom illius, que le traducteur latin met souvent pour suus.
[9] C’est lui qui l’a créée dans l’Esprit-Saint, qui l’a vue, qui l’a comptée (nombrée, note), et qui l’a mesurée. •
L’a nombrée et mesurée. Comparer à Sa. 11, 21.
[10] Il l’a répandue sur toutes ses œuvres et sur toute chair, d’après la mesure de ses dons, et il l’a procurée (donnée, note) à ceux qui l’aiment. •
Il l’a donnée, etc. Il n’y a en effet que ceux qui aiment Dieu, que ses serviteurs, qui reçoivent de lui le don de la sagesse.
[11] La crainte du Seigneur est une gloire, et un sujet de se glorifier, et une joie, et une couronne d’allégresse. •
[12] La crainte du Seigneur réjouira le cœur ; elle donnera la joie, et l’allégresse (le contentement), et la longueur des jours.
Longueur des jours, hébraïsme, pour longs jours ; c’est-à-dire longue vie.
[13] Celui qui craint le Seigneur s’en trouvera bien à la fin, et il sera béni au jour de sa mort. •
[14] L’amour de Dieu est une (la) sagesse digne d’être honorée.
[15] Ceux à qui elle se découvre l’aiment (aussitôt) qu’ils l’ont (par la) vue, et qu’ils ont reconnu (la connaissance de) ses merveilles.
[16] La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse ; elle est créée dès le sein de leur mère avec les hommes fidèles ; elle accompagne les femmes d’élite (choisies), elle se montre avec (on la reconnaît dans) les justes et les fidèles. •
Voir Ps. 110, 10 ; Pv. 1, 7 ; Pv. 9, 10 ; .
[17] La crainte du Seigneur est la piété (religion) de la science. •
La religion de la science ; pour la science religieuse. Sans la crainte de Dieu, la science n’a rien que de profane, de froid et de stérile.
[18] Cette piété garde et justifie le cœur ; elle donne le bonheur et la joie.
[19] Celui qui craint le Seigneur sera heureux, et il sera béni au jour de sa fin.
[20] La crainte de Dieu est la plénitude de la sagesse 1, et cette (la) plénitude se manifeste par (de) ses fruits.
La plénitude de la sagesse ; c’est-à-dire la sagesse parfaite, consommée, et ses fruits parfaits. L’expression a fructibus tient lieu du génitif fructuum.
[21] Elle comble(ra) la maison entière (des sages) de ses produits, et leurs greniers (celliers) de ses trésors.
[22] La crainte du Seigneur est la couronne de la sagesse ; elle donne la plénitude de la paix et le(s) fruit(s) du salut.
Complétant, etc. ; donnant pleinement, avec une grande abondance.
[23] Elle (la) voit (la sagesse), et elle la mesure (l’a énumérée) ; l’une et l’autre est (sont) un don de Dieu.
[24] La sagesse répand(ra) la science et la lumière de la prudence, et elle exalte la gloire de ceux qui lui sont attachés (la conservent).
[25] La crainte du Seigneur est la racine de la sagesse, et ses rameaux sont de longue durée. •
[26] L’intelligence et la piété (religion) de la science sont dans les trésors de la sagesse ; mais la sagesse est en exécration aux pécheurs.
[27] La crainte du Seigneur chasse le péché ; •
[28] car celui qui est sans crainte ne pourra devenir juste, parce que la violence (l’emportement) de sa colère produira sa ruine. •
[29] L’homme patient attendra (souffrira) jusqu’au temps marqué, et ensuite la joie lui sera rendue. •
[30] L’homme de bon sens 1 cachera (en lui) ses paroles pour un temps, et des lèvres nombreuses publieront sa prudence.
L’homme de bon sens ; littéralement le bon de sens ; genre de construction qui n’est pas rare en hébreu.
[31] Dans les trésors de la sagesse sont les règles (est l’expression) de la science ;
[32] mais le culte de Dieu est en exécration au pécheur. •
Mais c’est un objet d’exécration, etc. Comparer au verset 26.
[33] Mon fils, si tu désires (désirant ardemment) la sagesse, conserve la justice, et Dieu te la donnera 1.
Te la donnera ; c’est-à-dire la sagesse.
[34] Car la crainte du Seigneur est la sagesse et la science, et ce qui lui est agréable,
[35] c’est la foi et la douceur, et il comblera les trésors de celui qui les possède. •
[36] Ne sois pas rebelle (incrédule) à la crainte du Seigneur, et ne t’approche pas de lui avec un cœur double 1.
Cœur double ; c’est-à-dire duplicité de cœur.
[37] Ne sois pas hypocrite devant les hommes, et que tes lèvres ne te soient pas un sujet de chute (scandale).
Un sujet de scandale ; par des discours indiscrets et inconsidérés.
[38] Sois-y attentif, de peur que tu ne tombes, et que tu ne déshonores ton âme,
[39] et que Dieu ne révèle ce que tu caches, et qu’il ne te brise au milieu de l’assemblée, •
[40] pour t’être approché du Seigneur avec malice, et pour avoir eu le cœur plein de ruse (d’artifice) et de tromperie. •